Historique de l’église
Un peu d’histoire: Les Eglises réformées des Pays-Bas
Les 12 églises réformées de langue française, qui existent encore aujourd’hui aux Pays-Bas, trouvent leurs origines dans la Réforme protestante au 16e siècle.
La fondation de ces églises protestantes est une conséquence de l’exil des populations réformées wallonnes, qui durent fuir le sud des Pays-Bas Espagnols et le Nord de la France pour échapper à la répression exercée par les troupes du roi d’Espagne Philippe II.
Au 16ème siècle les 17 provinces des Pays-Bas (les Pays Bas actuels, la Belgique et les régions septentrionales de la France) furent réunies et gouvernées par Charles Quint, puis par son successeur Philippe II, Seigneur des Pays Bas et en même temps Roi d’Espagne. Au cours de ce siècle, une grande partie de la population devint protestante, tandis que le commandement des princes d’Orange-Nassau liés à la cour de Bruxelles, notamment de Guillaume 1er, une révolution contre le souverain espagnol se déclencha.
Après que les Pays Bas eurent rejeté la souveraineté du Roi d’Espagne en 1581, ils proclamèrent la République avec La Haye, résidence des anciens Comtes d’Hollande, comme siège des Etats Généraux des Provinces Unies. Les provinces étaient autonomes, sauf pour ce qui concernait les affaires étrangères (les guerres y compris).
Les provinces de Hollande, Zélande de d’Utrecht ont prié le Prince Guillaume 1er d’Orange-Nassau de devenir leur “Représentnat” (Stadhouder). Ainsi Guillaume “le Taciturne” est-il considéré comme le “Père de la Patrie”
L’Eglise Réformée Néerlandaise (Nederlands hervormde kerk) fut l’Eglise officielle de la République.
De nombreux protestants dans dix provinces du sud, où la révolution n’avait pas réussi, fuirent vers la République; en grande partie, ils étaient francophones (wallons). Le gouvernement néerlandais ordonna que dans les villes où les réfugiés francophones s’établissaient, des églises abandonnées par les ordres catholiques soient mise à la disposition des Wallons. Dans le contexte des Eglises Wallonnes on parle du “premier Refuge”.
Les Wallons de La Haybe obtinrent en 1585 la permission d’organiser leurs cultes dans la chapelle médiévale, fondée par Floris V, Comte d’Hollande et Zélande, située dans la cour intérieure de Hollande (Binnenhof). En 1585 le premier ancien et le premier diactre étaient confirmés à La Haye. Après le meurtre de Guillaume 1er par un catholique fanatique en 1584, sa quatrième femme, Louise de Coligny, fille de l’amiral français protestant Gaspard de Coligny (lequel fut assassiné pendant la nuit de la Saint Barthélemy) s’installa à Middelbourg, où se trouvait une large communauté Wallonne.
Guillaume 1er avait comme successeur son fils d’un mariage antérieur, le prince Maurice. Comme Maurice n’était pas marié, il pria Louise de Coligny de venir habiter avec ses enfants à la Cour de La Haye pour éduquer son fils le prince Frédérique-Henri qui devait succéder à Maurice. Louise y consentit à la condition que l’on nomme un pasteur francophone à la Chapelle de la Cour.
En 1591, le pasteur Uytenbogaert, qui avait été formé à Génève, fut installé comme le premier pasteur de l’Eglise Wallonne à La Haye. C’est ainsi que l’Eglise Wallonne de La Haye fut fondée. La princesse de Coligny s’installa à la Cour au Noordeinde, plus tard reconstruit comme le Palais Noordeinde. (Le batiment actuel de la première Eglise Wallonne se trouve près du Palais Noordeinde.) Très rapidement la très modeste communauté d’origine Wallonne a été rejointe par des personnages de la Cour, et par des membres influents de la vie politique.
Les Eglises Wallonnes furent rattachés à la NHK pendant le Synode de Dordrecht (1618-1619); mais conservèrent leur propre organisation et leurs propres réunions (synodes). A l’université de Leyde, un séminaire wallon pour des étudiants de théologie fut installé en 1575 par le Prince d’Orange après la victoire de la ville sur les Espagnols.
Au total, ce sont 43 Eglises Wallonnes qui furent issues de Premier Refuge.
Lorsqu’en 1685 Louise XIV révoqua l’Edit de Nantes, beaucoup de français avaient déjà trouvé refuge aux Pays-Bas. Après cette date, leur nombre s’accrut considérablement. Une estimation prudente donne à penser que quelque 75.000 protestants français se dirigèrent vers les Pays-Bas, dont les deux tiers au moins s’y établirent définitivement. Tout naturellement donc, les huguenots cherchèrent, dès leur arrivée, à contacter les communautés protestantes francophones déjà établis dans le pays. Les Eglises Wallonnes offrirent aux huguenots des lieux d’accueil et des cultes francophones où ils purent, en outre, retrouver des parents exiltés. De son côté, le Synode Wallon prit des décisions en faveur des réfugiés français: collectes et aides diverses. C’est ainsi que les Eglises Wallonnes jouèrent un rôle de précurseur aux Pays-Bas en faisant preuve de cet esprit de partage et d’accueil qui allait devenit l’une des caractèristiques les plus remarquables de la nouvelle République à l’égard des réfugiés;
Les huguenots qui avaient quitté la France après 1685 espéraient pour la plupart rentrer rapidement dans leur pays. Espoir déçu. Leurs descendants durent s’installer et s’adapter.
Après la révolution des “Patriotes” (républicains) et la fuite des princes d’Orange-Nassau en Angleterre, la séparation de l’Eglise et de l’Etat fut décidée. En 1806, Louise-Napoléon (catholique) devint le roi de Hollande; il s’installa à la Cour du Binnenhof. Il obligéa la paroisse wallonne à quitter la chapelle de Binnenhof (laquelle resta affectée au culte catholique jusqu’à sa démolition en 1880 pour faire place pour des bâtiments gouvernmentaux). Néanmoins, Louis-Napoléon attribua à la paroisse wallonne une indemnité très substantielle pour la construction d’une nouvelle église et l’achat d’un orgue; A partir de 1808, la communauté wallonne s’installa dans un bâtiment moderne situé au Noordeinde, non loin du Binnenhof.
Après l’occupation française (1796-1813) il existait encore vingt paroisses wallonnes. Les huguenots se sont peu à peu assimilés et naturalisés Hollandais, et ceci depuis le 18ème siècle.
Aujourd’hui , le nombre des Eglises Wallonnes s’est réduit à 14 (le maximum fut 80). Elles font maintenant partie de l’Eglise Protestante aux Pays-Bas (PKN), laquelle procède de la fusion entre les trois familles protestantes principales: la Nederlandse Hervormde Kerk (dont elles étaient déjà membres), les Gereformeerde kerken in Nederland et l’Eglise Luthérienne. Les Eglises Wallonnes actuelles sont des Eglises tout à fait hollandaises” et ne dépendent pas d’instances étrangères. Leurs membres sont en majorité Néerlandais. Elles accueillent aussi des familles francophones ou semi-francophones établies provisoirement ou définitivement aux Pays-Bas (originaires par exemple de Belgique, de Suisse, de France, et d’Italie).
Comme partout en Europe occidentale, les dernières décennies ont montré un déclin du nombre des membres dans les Eglises; et ce déclin est d’autant plus important dans les Eglises Wallonnes car la connaissance de la langue française à diminué. Néanmoins, la présence de nombreuses personnes venues d’Afrique (Cameroun, Côte d’Ivoire, Congo, Madagascar) a permis, dans certaines villes, un réel renouveau. Ces personnes forment en quelque sorte un “troisième refuge”, bien différent des deux précédents. Aujourd’hui comme hier, cultes, études bibliques, conférences, voyages et autres activités des Eglises Wallonnes se déroulent en français.